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  >  Cliché   >  Spécial confinement – La Culture parisienne va-t-elle disparaître ?
Paris je t'aime quand même

Cher lecteur, j’espère que le confinement ne te tape pas trop sur le système, que tu survis, voir que tu vis et que quelque part, tu vis ta « meilleure vie ». Laisse-moi vivre la vie des autres par procuration steuplé. Ici, on peut même plus dire que ça pourrait me taper sur le système : y a plus de système. Fini. Kaput. Adios le système. Plus de rythme. Enfin, si, mais un bizarre.

J’ai cette sensation étrange de vivre hors du temps et du monde, en totale autarcie. C’est justement quand je dois sortir pour me ravitailler que la bataille commence, l’angoisse avec. Pas cool du tout.

12% des confinés de France le sont dans un appartement sans balcon ou terrasse. #jesuis12%

Comme je le disais précédemment, j’ai une fenêtre ouverte sur le ciel, à défaut qu’elle le soit sur le monde. Il fait beau presque tous les jours depuis le début du confinement (si ça c’est pas un complot des reptiliens illuminatis hein !!!) donc je prends souvent un café à cette fenêtre et je regarde le ciel.

Super bleu. Avec des merles qui chantent, l’odeur des fleurs dans le parc, une voisine qui écoute du PNL et du maître Gims à fond, des tirs de chevrotine à son encontre, moi qui crie « Musique de meeeeee***« . La vie quoi …

Je voyage dans mon cerveau

Je me disais qu’il suffirait qu’un voisin étende son linge à la fenêtre pour que ma vue se fasse toute marseillaise. Je me suis demandée si quelque part, un Marseillais, un Niçois, un Bordelais, ou un Lyonnais se disait un truc dans le même genre : « Manque plus que la Tour Eiffel et on s’y croirait« . Je sais de source sûre que des gens dans le Sud, rêveraient de vivre à Paris. Je te jure c’est vrai, c’est pas un mythe. Même si j’imagine que quand on dit « Manque plus que la Tour Eiffel et on s’y croirait« , ça sonne plutôt négatif. « Oh la la, il fait pas beau ! Un vrai temps de Parisien ! Manque plus que la Tour Eiffel et on s’y croirait« . Ou « Wallaa, l’île de Ré envahie de Parisiens qui apportent le connard de virus. Manque plus que la tour Eiffel et on s’y croirait. » Un truc dans le genre bien gentillet …

Mais voilà, j’ai pas du tout vue sur la Tour Eiffel. Si je te fais une photo panoramique de la vue de chez moi, rien, absolument rien, ne pourra te prouver que j’habite à Paris. Attends je vérifie … (Pour de vrai, je me suis levée, je suis allée vérifier) Ah, si y a un truc : le panneau de la rue. J’sais pas si tu sais, mais c’est Rambuteau qui a mis en place ces petites plaques émaillées vert, bleu et blanc pour indiquer les nom des rues parisiennes. Mais à part ça, rien. Je pourrais être à Lyon, là que ça se verrait pas.

La fameuse « Paris c’est trop pollué » n’est plus

On peut même plus reconnaître la capitale à son odeur de pot d’échappement. Le matin, tu ouvres la fenêtre et ça sent la campagne bon sang ! Information véridique qui a carrément fait l’objet d’une enquête que tu peux retrouver ici, mais en gros, le vent charriait l’odeur des épandages jusqu’à Paris et sans nos odeurs habituelles, on le sentait. Ça nous a fait drôle quand même.

Quand on passe près d’un parc, ça sent le vert ! Et les fleurs ! Quand j’ouvre la fenêtre sur rue, y a les odeurs de lessive du lavomatic en bas qui remontent. Avant, je ne sentais que l’odeur de graillon du bar-brasserie au coin de ma rue, saupoudrée de diesel.

Bref, Paris n’a plus « son » odeur, et … j’en suis ravie 🙂

La Fashion Paris n’est plus.

Je sais pas pour toi, lectrice, mais moi je ne me maquille plus (désolé lecteur garçon si tu te sens mis de côté, maquille-toi, je t’en prie, tu vas peut-être a-do-rer. Qui sait ?). Sauf quand je sors pour le « déplacement bref » d’une heure dans un rayon d’1 km. Parce que ça me fait plaisir. MAIS y a un énorme MAIS : désormais, mon mascara me brule les yeux. Sont plus habitués les pauv’ petits. Oops. Donc en fait, lunettes de soleil pour cacher les petits yeux, et Rouge à lèvres.

Je n’en mets habituellement jamais. Je parle trop pour qu’il ne file pas. Et en fin de journée, on dirait juste que j’ai mis un gros coup de crayon autour de la bouche et ça fait mérou. Mais là, ça me fait plaisir. Ça fait « parisienne » de se maquiller les lèvres et pas les yeux. Et bah, c’est en en mettant que je me suis rendue compte que PERSONNE n’était apprêté dans la rue. Si je devais croiser quelqu’un en pyjama, et bien, je pense que je ne serais même pas étonnée.

Perso, je n’oserais pas le pyjama dans la rue. Même si mes pyj’ sont uber méga super stylés. Je pourrais tester les chaussons dans la rue. Ils ont fait leurs preuves sur le trajet canapé-frigo. Mais j’ai des doutes sur le kilomètre dans la rue. A voir.

Paris je t'aime quand même
Mon armure spécial confinement

Tout cela pour dire que, plus aucun cliché de Parisien dans la rue. Aaarr, allez, j’ai peut-être croisé un gars en chemise blanche avec sa baguette, mkay. Mais des femmes, habillées (dans le sens « chic », pas dans le sens « pas nue » hein, petit cochon va !), maquillées, avec l’attitude et tout. Non. A plus. Finito.

Je pense que la raison est très simple. On n’est plus vues. On part pas en représentation. Et 1 heure de marche, ça rentabilise pas le temps passé à se farder la tronche. Si en plus, on se met un masque, sûr que personne met de rouge en dessous, et que plein de garçons ne se rasent plus en dessous. Ou plein de barbus ont fait une expérience, se sont rasés pour la première fois depuis 13 ans et cachent la démarcation sous le dit-masque. Ou ! Extrême limite : chuis sûre qu’il y’en a qui … ne se lavent plus les dents ! Je te laisse méditer là-dessus.

Apprêtée
Masquée
Dégoûtée

Le Parisien pressé n’est plus.

Je n’ai jamais vu autant de gens dans la rue. Vers 18h, oui. Mais à 11h ? 15 h ? Non, jamais. Ces gens-là ne sont plus attendus à 9h pour la super-réunion avec Monsieur Machin.

Et s’ils sont dans la rue pour ravitaillement ou craquage total dû à (rayer la mention inutile) :

  • on est 6 dans 30m²
  • J’habite seul-e et mon reflet dans le miroir m’a répondu cette nuit à 3h du mat’
  • mon appart a une seule fenêtre orientée plein Nord au rez-de-chaussée
  • j’ai pris 12 kilos à force de ne plus marcher

Et bien ils n’ont pas envie de rentrer chez eux ! Et ils marchent tout-dou-ce-ment.

Donc je traîne, tu traînes, elle traîne, nous traînons (avec dichtanchiachion cho-chiaaale), vous traînez, ils traînent. J’aurais été bonne en continuité pédagogique. (si toi aussi tu lis « dichtanchachion chochiale » avec l’accent versaillais, et bien merci je me sens moins seule)

Plus d’emploi du temps millimétré, plus de rendez-vous. Je parle pour moi, mais en gros : il fait jour. Ou il fait nuit.  J’ai un pyjama de jour. Et un pyjama de nuit. Même si la semaine dernière j’ai ouvert au voisin en t-shirt-culotte. Y a des ratés parfois. Il y a de la nourriture de jour, et de la nourriture de nuit. Café-soleil : bien. Café-lune : pas bien. Point.

Les deux bises parisiennes ne sont plus.

Nous, encore, c’est deux, mais dans le sud, parfois, c’est quatre ! Au nom de la distanciation sociale, la bise est désormais persona non grata. En même temps, on voit plus personne, ça me parait logique. Y’a-t-il des personnes confinées isolées qui se font la bise à elles-mêmes dans le miroir ces derniers temps ? Lève la main, tu es en terrain ami ici ! Zéro jugement.

Je pense à l’après confinement : est-ce que l’habitude de la bise reviendra ? Est-ce les premières bises seront une fête ? Ou plutôt une gêne ? Un peu, comme quand tu as 5 ans, et qu’on te demande de faire la bise à un adulte et que tu sais pas s’il faut commencer à gauche ou à droite.  Les barbes de trois jours des copains sur nos joues in-touchées seront-elles source d’irritation gravissime avec crème à la cortisone pour rattraper l’agression ? Quid du film hydrolipidique ? Sera-t-il renforcé ou amoindri ? Argh, tant de questions …

Le Parisien qui mange dehors n’est plus

Quand j’étais ado, je matais des films américains où les héros se faisaient livrer du chinois dans des boites en carton blanc : j’étais trop envieuse. Je trouvais ça stylé. Puis j’ai eu une carte bleue et une cuisine riquiqui d’appartement parisien, la flemme de faire la vaisselle qui va avec, donc resto. Et puis y a eu Allo resto. La fin de l’alimentation équilibrée.

Et depuis le 15 mars : Y a plus de resto. Y a plus de terrasse.

Une de mes amies, il y a plusieurs années, m’avait dit que le Parisien s’en fout d’avoir un grand appartement, parce que le Parisien vit dehors, dans les bars et les restos. C’est vrai. Enfin, j’aimerais bien avoir 120m² à Montmartre quand même. Mais il est vrai que les petits appartements parisiens mènent à une vie sociale plutôt en extérieur.

Donc … Le Parisien n’est plus ?

Le Parisien ne se sape plus. Il n’est plus en retard. Il n’a plus mille choses à faire tout en trouvant 20 minutes pour son café-terrasse et une soirée théâtre/ciné/copains/fête/concert. Et il ne stresse plus pour faire les courses avant la fermeture à 22h du Monop’ (ou alors plus pour les mêmes raisons). Serait-ce la fin de notre culture centenaire ? Cependant, la France, que dis-je, l’Europe, non, même pas, le Moooonde entier, fait un truc qu’on ne reprochait quasiment que aux Parisiens : RÂLER ! (verbe du premier groupe)

Fais pas genre, je sais que tu râles. Contre le confinement (mais c’est pour notre bien), contre le déconfinement (ça je me prononce pas, je sais pas, je capte plus rien), contre le virus, contre ton colloc’, ton conjoint, ton chat, ton voisin. Mais tu sais, râler c’est sain. Râler, ça exorcise ! Râlons Enfants de la Patriiiii-ieuh !

Dans Doctor Who, saison 2 ou 3 du remake, le docteur est gravement affaibli suite à un confinement un emprisonnement et le monde entier se met à crier son nom, à croire en lui, et il redevient fort. Pareil avec les fées dans Peter Pan/Hook, si tu cries « Je crois aux fées, j’y crois« , ça les ramène à la vie.

RÂLE BIEN FORT ET LA CULTURE PARISIENNE VIVRA !

Le monde entier

Alors ? Le Parisien n’est plus ou tout le monde devient parisien ? Je n’ai pas de réponse. Je peux juste te dire que ça me travaille et que j’aimerais bien retourner me balader dans mon petit Paris pour te faire des photos et agrémenter mes articles. Bientôt <3

En gros, le problème du confinement pour moi, c’est que j’ai trop de temps pour penser. Je savais déjà qu’on était nombreux dans ma tête. Mais pas autant.


Partage cet article s’il t’a plu cher lecteur. Ce n’est que cette reconnaissance qui me permettra de survivre à l’annulation de la saison touristique ! Hésite pas à lire les précédents articles aussi (ci-dessous) et à les partager aussi !


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Comments:

  • Mado

    29 avril 2020

    Alors c’est donc ça cette mauvaise humeur qui me poursuit depuis plusieurs jours alors que je ne peux pas trop me plaindre de ma terrasse sous le soleil espagnol : c’est mon instinct parisien qui se reveille et rugit !!! Merci pour cet article, j’ai bien rit en tout cas. Maintenant je peux retourner raler contre mes colocs le coeur léger 😘

    reply...
  • Mado

    29 avril 2020

    Alors c’est donc ça cette mauvaise humeur qui me poursuit depuis plusieurs jours alors que je ne peux pas trop me plaindre de ma terrasse sous le soleil espagnol : c’est mon instinct parisien qui se reveille et rugit !!! Merci pour cet article, j’ai bien rit en tout cas. Maintenant je peux retourner raler contre mes colocs le coeur léger 😘

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