Netflix : Emily in Paris, pourquoi tant de haine ?
Depuis quelques semaines, on entend que parler de la nouvelle série de Netflix : Emily in Paris. Que me suis-je empressée de trouver un plaid moelleux et une cargaison de bonbecs pour binger ça peinard !
La découverte
Je scrollais tranquillement sur Facebook quand je suis tombée sur un article du Parisien qui titrait : « Emily in Paris » sur Netflix : Que de clichés sur la capitale ! Alors, moi, pas du tout au courant de la sortie de cette série, je me suis immédiatement et naturellement dit que « Émily », ça s’écrit avec -ie à la fin. Bordel. Puis j’ai cliqué et je suis tombée sur un article réservé aux abonnés. Tu sais toi aussi comme ça fait maaaaal. Mais le chapô offrait, comme toujours, déjà pas mal d’infos : « La nouvelle série de Darren Star, mise en ligne sur Netflix ce vendredi 2 octobre, offre une vision très américaine et caricaturale de notre capitale et des Français en général. »
Perso, je lis « Darren Star », j’entends « Sex and the City ». Donc la suite de la phrase m’a laissée pantoise. Si c’est du Darren Star, y a forcément du strass, des paillettes, du fashion et du cliché. En somme, TOUT CE QUE JE KIFFE !
Mon avis (Comme ça c’est fait, t’as vu chuis sympa)
N’y allons pas par quatre chemin mon chaton : j’ai adoré cette série. Voilà, c’est dit. Mais, alors que tout le monde semble la détester, pourquoi moi je l’ai aimée ? Je suis Parisienne, je connais bien ma ville et ses habitants. Pourquoi ne suis-je donc pas outrée, que diiiis-je, scandalisée, par ce divertissement ? Serais-je une traitresse ?
Je pense qu’il y a deux raisons principales. La première : malgré les obstaaacles, malgré les bourraaaasques, je reste une éternelle optimiste qui tente de s’éloigner du cliché du Parisien râleur en série et de kiffer la vie et les séries que je choisis 🙂 La seconde, c’est peut-être parce que j’ai lu les avis de la presse APRÈS avoir vu la série ! Et je suis une grande fille, je sais ce qui me plait ou pas.
Emily in Paris, c’est une série fraîche et légère sur une jeune trentenaire américaine qui débarque à Paris pour travailler dans une boite de marketing rachetée récemment par sa boite de Chicago. Comme elle doit apporter la « american touch » à cette boîte en perdition, elle est mal accueillie et se prend, en bonus, la barrière de la langue, la barrière de la culture et une bonne grosse marmite de clichés en plein dans la face.
Le fond du problème : les clichés
Oui, il y a plein de gros clichés dans cette série. Des bons et des mauvais. Mais ça, tu vois, c’est vraiment la preuve que le cliché du Parisien qui râle n’en est pas un ! Vois le verre à moitié plein bon sang de bonswoooaaar ! A l’heure actuelle, une série qui dépeint Paris de cette manière, elle pourrait relancer l’économie touristique à elle-seule ! Comment ça je rêve ? Oui, bah laisse-moi rêver okay ? ! Ici c’est Hollywood in Paris pendant encore cinq minutes !
Je vais pas te refaire tooouuus les clichés qui nous sont offerts dans cette série. Parce que sinon tu la regarderas pas, tu en sauras trop pour te renseigner par toi-même. Et aussi parce que c’était un moment entre mon plaidou tout doux, la tasse de chocolat chaud et moi. Et j’ai que deux mains. « ouais mais tu peux tenir ta tasse avec une seule main et écrire de l’autre, DUH » Bah oui, mais non parce que la main libre elle fait des coins doux dans le plaidou. Si tu sais pas ce qu’est un coin doux, baaaaah, je te dirai une autre fois. Quand tu m’auras rendue riche et célèbre et que je ferai une FAQ 3615malife.
Pour les clichés, je vais juste te raconter ceux qui m’ont sauté aux yeux. En commençant par ceux qui dépeignent une image pas top et en enchainant avec les plutôt cools (selon moi et moi). Parce que c’est comme ça qu’on constate, tout en voyant le verre à moitié plein bande de bananes trop mûres ! EDIT : Pour toi Public, Je me suis retapée le premier épisode. Pour être au plus près de l’action t’as vu !
Les clichés pas cools, ceux qui nous font passer pour des crétins (et qui sont parfois vrais)
Le Français, cette bête sexy comme Macron
Le premier cliché tombe à … 1:10. Pétard, ce fut rapide. Et perso, il me fait grincer des dents celui là : « Les hommes français aiment les femmes mûres, leur président est jeune, sexy et a épousé sa prof« . Attends, attends, ‘tends, ‘tends … BWEUARK. C’est bon, j’ai vomi dans mon cerveau (et j’ai survécu). Que le Président participe au cliché National, groumph, ok, pourquoi pas. Mais on n’a clairement pas les mêmes standards cette dame et moi. Comparer les hommes français à Macron, ou Hollande, ou Sarkozy, ou tous les autres présidents … ça me fait drôle. Je préfère le Beau Gosse en marinière avec son béret, une baguette et son caniche en laisse.
Le Français, représentant extrêmement relou de la langue de Molière à l’internationale alors que tout le monde s’en fout
La suite de ce premier épisode d’une trentaine de minutes met effectivement l’accent sur les mauvais aspects : La gardienne de l’immeuble d’Emily est une garce finie qui ne répond pas au « Baauunjoouur » dynamique de notre héroïne, l’agent immobilier est un dragueur invétéré et insistant, la boulangère la reprend sur ses tentatives de parler notre langue … Bordel, la pauvre te demande « Une pain au chocolate » bah tu applaudis BORDEL ! Loué soit le seigneur Google Trad qui lui a permis de saisir le son « ain » et le son « au ». Bah non, la boulangère la reprend sur la différence entre « une » et « un » alors que y a pas d’équivalent en anglais. Je peux pas accepter que le Français se mette si peu à la place du touriste qui représente 7% du PIB.
Le Français, personnage odieux, branleur, qui fume en direct live dans ta face
Mais le pire c’est au travail : ses collègues sont des enflures. Ces gros c******s parlent d’elle en français, devant elle et tellement méchamment. Ils l’appellent « La Plouc » et lui font croire que c’est un surnom mignon. Puis pour ne rien gâcher, ils fument au bureau, annoncent remplacer le repas par une cigarette, ouvrent la boîte à 10h30 et allument les ordinateurs à 11h15… Pouah, rien que sur cette phrase je pourrais écrire une thèse !
Alors non, hein, les Français fument pas au bureau, c’est interdit. Je crois bien que ça a été interdit en 2007, pour les bureaux privés en entreprise, en même temps que les cafés et restaurants. Alors fumer devant tout le monde, dans le bureau des uns et des autres : NON. Gros cliché du Français qui fume comme un pompier, partout, tout le temps. Concernant les horaires de travail : oui y a des boites qui ouvrent tard, oui y a des boites où tu arrives à 9h30 et le temps de dire bonjour à tout le monde, d’allumer ton pc, de te faire un café etc… il est 14h43. Mais de là à sous-entendre que « c’est comme ça le choc des cultures », c’est fort de café ! Tu en penses quoi toi ? Moi, je peux pas trop en dire plus, je suis du genre à me flageller si j’ai rendez-vous à 8h45 et que j’arrive à 8h39 donc bon …
Mais alors, le coup des collègues horribles … ça je crois que c’est vrai. Comme la boulangère plus haut, le Français, du haut de son orgueil tel le Corbeau de La Fontaine, kiffe son Patrimoine culturel autant matériel qu’immatériel. T’insultes pas le vin ou la tour Eiffel et tu fais honneur à notre langue parce que tout le monde nous l’envie. Donc tu parles FRANÇOIS avec nous, Bordel !
Mais non, pas du tout en fait. A part pour le vin, parce qu’on déconne pas avec le sang des dieux okay. Mais pour la tour Eiffel, les autres Français (oui les 65 millions qui ne sont pas Parisiens parce que Paris c’est pas le nombril de la France. Quoique, niveau propreté on se pose là), bah je crois bien qu’ils s’en foutent un peu. Et la langue, à part l’accent trop cute et sexy, tout le monde s’accorde pour dire qu’elle est fichtrement compliquée à apprendre. Même nous, on est en train de virer les « ^ » qui rappelaient le « s » après le « o » de hospital, hostel … Même nous, on a désormais le droit de simplifier « oignon » en « ognon » (perso, je le simplifie pas c’est trop bizarre sans le « i »). Et on est le seul pays au monde à avoir cette fichue touche « ù » sur le clavier pour le seul mot de notre langue qui le nécessite : « où ».
Émotion improbable de ce moment où (!) tu utilises cette touche autant de fois en si peu de temps. Maaaarde, #jesuislaboulangère au fond de moooaaaaa
Le Français drague comme il respire et tripote tout le monde, puis il a 3 partenaires sexuels aussi
Dans Emily in Paris, tous les hommes sont « sexuels » dans le sens où nous avons des informations tout du long sur leur vie sentimentale et/ou sexuelle. C’est aussi le cas des femmes dans la série. Mais pas toutes et puis aucune n’est sexuellement impliquée avec l’héroïne. Mais par contre, tous les mecs parlent couramment braguette avec Emily. Et quand tu as capté ça, c’est pas que c’est gênant, c’est juste relou.
- Entre celui avec lequel il ne se passe rien mais qui lui offre de la lingerie IMPORTABLE au quotidien en lui disant bien « porte ça pour venir au bureau, tu auras plus confiance en toi », et qui, soit dit en passant, est marié et a une maitresse ;
- celui qui tape la bise à notre héroïne en mode « han bah nous [LES FRENCHIES si t’as pas compris] c’est comme ça qu’on dit bonjour » MAIS NON ! Les clients et les patrons on leur claque pas la bise ! Berk, dégueu ! ARGH ! En plus, en ce moment, dès que je vois dans un film ou une série, une poignée de main, ou une bise j’ai l’alarme Covid qui se pose en filigrane. Toi aussi je suis sûre. La bise est morte les gars
- Le collègue biatch et gay qui cherche le potin de coquina chez notre héroïne,
- Le premier rôle masculin qui envoie des signaux comme un gyrophare avec sirène hurlante mais n’a pas dit que —— LIS PAS CA SI TU VEUX REGARDER LA SÉRIE, C’EST UN ENORME SPOOOIIL ——– il était maqué (avec la copine d’Emily hein, saleté de Beau Gosse Français)
- etc, etc … BWEUARK
Donc là, j’étais un peu verte : on a pris tous les clichés sur la drague et on a mis l’étiquette « français » dessus. Non mais c’est Hollywood là ou quoi ? Ah mince, oui, c’est totalement Hollywood.
Là tout de suite, on dirait que je suis FURIEUSE à propos de cette série. Pas du tout, vraiment, j’ai adoré. C’est frais, c’est léger, l’actrice principale joue bien (et les acteurs français aussi et ça c’est étrange !) Mais si on prend chaque cliché abordé, on peut QUE s’offusquer. Mais voyons les bons clichés maintenant. Y’en a ! Le verre à moitié plein de champagne grand cru siouplé !!
Les clichés qui nous redorent le blason
Je vais être honnête, il y en a moins et ils sont juste bons pour notre ego parce que la plupart sont faux mais chut !
Le Français est beau
Le Français semble bien fichu dans Emily in Paris, et ça c’est bon pour nous, pas vrai ? Les différents personnages sont tous de purs beaux gosses. Gabriel, le premier rôle masculin, même moi il me fait fondre avec son accent français, là ! Mais c’est mon accent aussi, pourquoi je me fais pas fondre moi-même ? Ce doit être le prénom alors, « Gabriel ». C’est clairement le nom que tu donnes à ton minot pour le prédestiner à une vie de BG. Cite-moi un ou une Gabriel-le de ton entourage qui n’a pas viré Magnificience incarnée ? Gabrielle Chanel ? Gabrielle ma voisine de 10 ans qui ressemble à un ange ? Et Gabrielle ma nièce de 4 ans qui va dominer le monde et met déjà tout le monde à genoux quand elle sourit ? D’ailleurs, pour la gronder, il faut surtout pas la regarder sinon tu sais plus pourquoi tu avais commencé. CQFD !
Le Français s’habille bien
Moitié délire, moitié vrai, dans la série tout le monde est tiré à quatre épingles. Même l’agent immobilier dragueur des premières minutes du pilote est en costume. Nous sommes dans le regard d’Emily, c’est le Paris qu’elle constate. Elle veut du luxe et de la carte postale. L’héroïne le dit elle-même : « Je ne suis pas sophistiquée, je ne suis pas française, mais je suis cliente, je veux savoir comment vous obtenez sans le vouloir, ce je ne sais quoi désabusé et sexy« . En vrai, elle est très lookée notre Emily mais les autres aussi. Parfois trop. Dans cette série, on évolue dans le milieu du luxe, donc on croise de la robe haute-couture et du top-modèle. Quoi de plus normal, c’est le sujet de la série ! Mais bon, quand on voit une secrétaire en tailleur Chanel : là, non. C’est gentil hein, merci Hollywood mais non, merci. Faut arrêter de faire croire à la planète entière que les Français se sapent chez les Grands Couturiers. Les Français en rêvent autant que vous, si ce n’est plus parce que eux, ils passent vraiment devant Lancel tous les matins !
Le Français habite dans une carte postale
Han la la, j’aimerais bien. Mais raté ! Certains oui, la plupart non, toi tu le sais bien. Il est vrai que la série s’articule dans deux « beaux quartiers » : autour du Louvre et autour du Panthéon. Emily travaille Place de Valois, déjeune avec une copine dans les jardins du Palais royal et elle rentre chez elle place de l’estrapade en passant par l’île saint Louis parce que c’est trop romantique. D’ailleurs, chapeau pour la logique dans les trajets ! C’est le genre de détails auxquels je suis trop sensible et là c’est carrément bien respecté ! Elle fait son sport le matin au Luxembourg avant de repasser chez elle : oui, gagné c’est faisable ! Elle déjeune au palais royal : logique c’est à 50m de son taf. Merci pour ça Darren !!
On peut bien évidemment s’offusquer que le reste de Paris ne soit pas représenté. Pendant une seconde entre deux plans, une image d’illustration s’immisce dans les images de carte postale et nous montre le carrefour de Barbès-Rochechouart. A aucun moment, dans l’intrigue, Emily n’y fout les pieds. C’est la seule image d’un quartier populaire qui apparait.
Pourtant, j’ai envie de dire : on s’en fout. Emily est à Paris pour un an. Elle a un an pour prouver qu’elle bosse bien. Et elle l’assume au cours d’une conversation avec Luc, un collègue : ce dernier lui dit que la différence entre les Américains et les Français c’est que les Américains vivent pour travailler et les Français travaillent pour vivre. Elle confirme et clame que travailler et s’accomplir dans son travail la rend heureuse. Donc, pour elle c’est marche à pied, boulot, dodo. Oui, pas de métro non plus pour Emily, mais c’est cohérent. Et elle visite pas plus que ça pour le moment, c’est pas Emily in the Louvre tu vois.
Emily, elle, elle voit la coupe de champagne à moitié pleine.
Je crois bien n’avoir pas lu un seul article où le rédacteur ait apprécié la série. Parce que seule la vérité blesse ? Je le dis et le redis depuis que j’ai créé ce blog il y a un an : on peut trouver notre coin carte postale, on peut apprécier Paris. Oui, il y a des clichés qui nous collent à la peau mais on peut peut-être se dépatouiller de certains et redorer nous-même notre blason ?
Emily, elle a la niak à l’américaine, elle est ambitieuse et elle rêvait de Paris. Elle a des petits porte-clefs tour Eiffel et elle porte les collections « street » rose bonbon des Grands Couturiers français. Aucun français ne porterait ça mais si les maisons de couture françaises ne s’intéressaient qu’au marché français, les pauvres auraient disparu dans le firmament depuis belle lurette. Pour moi, Emily in Paris c’est le point de vue de cette jeune américaine, elle est heureuse, elle profite, elle ne voit que ce qu’elle a envie de voir. Paris est encore tout neuf pour elle, et parfois elle s’attarde sur des clichés et sur ce qui la turlupine. Et justement, je trouve que la réalisation traduit son point de vue de manière très juste. La lumière est belle parce qu’Emily la trouve belle, les Parisiens sont BG parce qu’elle le veut bien.
Partons du principe que nous sommes dans son regard quand nous regardons cette série. Mettons nous à sa place. C’est peut-être ça le secret pour aimer Paris.
Petits chants d’oiseaux sur le pont neuf avec un air de violon …
Maintenant que tu as versé ta larmichette parce que j’ai failli finir sur une phrase trop belle, je vais tout briser et dire des bêtises, juste pour le plaisir (c’est très français ça le plaisir) : #jesuisEmilyinParis #positivité #coupedechampagneàmoitiépleine
Bref, je te conseille cette série. Avec ce point de vue là, sinon tu finiras ton champagne trop vite et ça tourne après.
Bisous sur les deux joues et sans distanciation physique. Smouak et Smouuuuaaaak.