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  >  Culture et Patrimoine   >  La « petite » histoire de la Fontaine Wallace
Fontaine Wallace montmartre

Au fil de mes visites et balades dans Paris, je croise de nombreuses fontaines Wallace et je ne me prive jamais de les présenter à mes clients ! Et pourtant, peu de Parisiens connaissent la « petite » Histoire qui se cache derrière cette fontaine indissociable de Paris. Je te mets des guillemets parce que tu vas voir, elle est pas si petite que ça cette histoire 🙂 Suivez la guide !

La Fontaine Wallace : une histoire de contexte !

Dans l’esprit de beaucoup, c’est LA fontaine parisienne. Elle existe en plusieurs modèles et tailles mais la plus célèbre c’est le grand modèle doté de quatre caryatides. Il y en a 95 à Paris et la plupart datent de 1872 ! Les fontaines Wallace ont été réalisées à la demande d’un riche monsieur anglais : Sir Richard Wallace. Fou amoureux de Paris et (vraiment) très riche, lui ne fut pas trop dépourvu, quand la guerre de 1870 fut venue !

La guerre de 1870

C’est la guerre franco-prussienne, entre la France et les Allemands quand on les appelait encore les Prussiens. Et c’est qui, qui a gagné la guerre ? Les Prussiens ! Alors, ils ont débarqué en France et ils ont assiégé Paris. Le gouvernement voulait capituler et l’a fait ! ALBATAR(D) ! Tu rends compte ? Si mon histoire s’arrêtait là, j’aurais sûrement tout écrit en allemand. Je te laisse une seconde pour considérer cette dimension alternative… Et on repart !

Donc le gouvernement capitule.

Mais pas les Français et surtout pas les Parisiens ! Y’en a un, très célèbre d’ailleurs, il a tellement pas apprécié les agissements de son gouvernement d’une part, et d’être enfermé dans Paris d’autre part, qu’il s’est barré en montgolfière. Carrément ! Tu le connais sûrement, au moins de nom : c’est Léon Gambetta (et si tu veux, je peux t’emmener voir son cœur au Panthéon !). Imagine, les Parisiens sont enfermés dans Paris, encerclés par les Prussiens et par l’armée qui obéit au gouvernement. Coupés du monde extérieur, ils décident de créer leur propre gouvernement parce que ça va bien deux minutes vos capitulations en catimini là !

Et ce nouveau mini-gouvernement alternatif c’est :

la Commune de Paris.

On est en 1871. Ils vont débattre de trucs vachement bien et ils vont être les premiers à le faire : la laïcité et l’égalité entre les hommes et les femmes par exemple. Mais on a un peu zappé ces trucs sympas et aujourd’hui quand on parle de la Commune, on pense plutôt à la révolution qui s’en suit. Bah oui, les Parisiens coupés du monde extérieur, c’est pas en 3 jours qu’ils vont s’organiser pour vivre en autarcie. Donc les problèmes commencent :

Ils commencent à crever de faim : pas grave, y a du gorille et de l’éléphant au jardin des plantes ! Miam miam ! Oui, mais ils ont soif aussi : pas graaaave ! Y a pas que l’eau dans la vie ! Il y a l’alcool aussi ! Direction Montmartre les gars, là-bas y a des bars et des restos et y a d’la tiiiiiise ! Oui, mais et les enfants ? Baaaaah, un peu de vin ça peut pas leur faire de mal hein ? ET BAAM ! Génération de viande soule !

Non, j’rigole. Mais ça aurait pu. De toute manière, on ne saura jamais vraiment : suite à cette révolution et la Semaine sanglante qui la clôt, on dénombre entre 6 000 et 30 000 morts parmi les Communards. Oui, je sais, l’écart est énorme entre les deux chiffres. 30 000 c’est le maximum proposé par un journaliste et homme politique socialiste (donc côté Communards), Camille Pelletan, en 1880. Et 6 000, c’est un chiffre donné par un historien anglais, Robert Tombs, qui a vraiment bien bossé sur le sujet et a publié ses résultats en 2011. Donc non, c’est pas l’éternel débat de l’écart entre les chiffres de la police et ceux des manifestants ! De toute façon, que ce soit 6 000 ou 30 000, je pense qu’on est tous d’accord pour dire que c’est trop !

Et Richard dans tout ça ?

Richard Wallace aimait tellement Paris qu’il y avait un appartement. Il était là pendant la guerre et pendant la Commune. Il a aidé à mettre en place des hôpitaux et à organiser l’accueil des victimes pendant la guerre. Un vrai philanthrope du XIXème siècle le gars ! Alors, en fait, rendons à César ce qui est à César : au moment où la guerre éclate, celui qui règne sur la France c’est Napoléon III. Et Napoléon III, il est quand même à l’origine de la construction de l’Opéra Garnier, mais surtout, des grandes Transformations de Paris confiées au Baron Haussmann.

Comme on a viré plein de Parisiens des classes populaires du centre vers les faubourgs (les futures banlieues) pour les remplacer par des plus riches qui feraient rayonner Paris à travers le monde, on allait pas demander aux plus pauvres (les plus nombreux) de payer pour des travaux dont ils ne bénéficieraient pas ! La philanthropie et le mécénat ont donc eu la part belle dans le schmilblick !

Donc Richard Wallace n’est pas du tout le seul à aider à la modernisation puis à la reconstruction de Paris. La croix rouge et l’Armée du Salut entre autres, ça date de cette époque-là. Mais Richard a la classe : il reste discret, il fait ça vraiment pour le bien commun. Et ça c’est beau. Et ça, ça fait justement qu’on se rappelle bien de lui et moins des autres.

(Allez, je suis sympa, voici pour briller au repas de Noël : Henry Dunant fonde la Croix Rouge en 1863. William et Catherine Booth créent l’Armée du Salut en 1865 à Londres. Complètement liée à Jésus pour la seconde, y a moyen de faire un lien avec Noël)

Et le rapport avec les fontaines ?

On y vient. Rappelle-toi, le siège et la guerre font que les Parisiens trouvent de l’eau difficilement. La faute à la destruction des aqueducs notamment. Alors les Parisiens se sont résolus à boire de l’alcool. Après la Commune, force est de constater que l’habitude est restée. Super-Richard intervient. Il conçoit lui-même la fontaine afin qu’elle soit belle et pratique puis il confie le travail de sculpture à Charles-Auguste Lebourg. Le but c’est que les Parisiens reprennent l’habitude de boire de l’eau ! Les fontaines sont donc placées dans le paysage parisien de manière à être vues mais sans gêner personne tout en se fondant dans l’environnement.

Charles Auguste Lebourg Fontaine Wallace Montmartre
Fontaine Wallace – Charles-Auguste Lebourg SC (pour sculpteur)

C’est quoi le principe ?

La fontaine est conçue de manière à ce qu’on puisse se servir de l’eau uniquement pour la boire. Les quatre caryatides (les statues féminines qui portent le « toit » de la fontaine sur la tête) sont en nombre suffisant pour empêcher les utilisateurs d’emporter l’eau. Exit le seau pour faire ton ménage ou ta casserole pour faire tes pâtes ! Au début, un gobelet était accroché à une chaine, elle-même attachée à la fontaine. Les gobelets ont disparu mais tu peux toujours boire l’eau de ces fontaines ! Si, si j’te jure !

Les fontaines Wallace en 2019

Les fontaines sont toujours en libre accès et leur eau est potable ! C’est exactement la même que dans le robinet et c’est connu : l’eau de Paris est la plus contrôlée de l’Hexagone ! Tu passes ta bouteille entre les caryatides et tu remplies et puis c’est tout.

Fontaine Wallace Paris Peinture

Les fontaines sont entretenues par la Ville. Elles sont utilisables de mars à novembre. Le reste de l’année elles sont éteintes pour empêcher l’eau de geler dans les tuyaux. Certaines sont maintenant équipées d’un bouton poussoir (assez dur, si tu es du genre à faire ouvrir tes bouteilles par un tiers, je te conseille de refiler cette mission à un autre tiers !). Le coup du bouton poussoir c’est super malin à notre époque où le maitre-mot en matière d’écologie est « l’anti-gaspi ». L’eau qui coule en continu c’est joli, mais quand on sait que c’est de l’eau potable c’est quand même limite. Enfin, elles sont décapées et repeintes tous les deux ans environ. J’ai personnellement observé le monsieur sur la photo et je peux te dire qu’il faisait ça bien !

Généralement, elles sont repeintes dans le vert typique du mobilier urbain parisien (les vieux kiosques à journaux R.I.P., les colonnes Morris R.I.P. aussi, les bancs, etc…) mais comme la plupart ne sont pas classées, on peut théoriquement leur donner la couleur que l’on veut. C’est le cas dans le XIIIème arrondissement où elles sont rose, rouge, jaune. Mais aussi hors de Paris, comme à Nancy où la célèbre fontaine se pare de bleu.

Maintenant, retiens bien : TU PEUX BOIRE L’EAU DES FONTAINES WALLACE ! Elles sont faites pour ça et en plus, cela t’évite d’acheter des bouteilles d’eau en plastique. Fais passer le message, raconte son histoire autour de toi et partage cet article s’il t’a plu !

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Comments:

  • Mado

    10 décembre 2019

    Super interessant cet article ! et bon a savoir pour ma gourde !

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