C’est d’actualité. C’est français. C’est aussi parisien. Cher lecteur, c’est la grève ! Il parait que c’est très très français la grève ! J’ai donc décidé de te raconter le gros délire que je vis (et je suis certainement pas la seule !) dans Paris intra-muros depuis le début du mouvement social.
Jeudi 5 décembre
Visites annulées : je suis rassurée ! Je devais assurer deux visites au musée du Louvre. Les groupes ont finalement suivi les consignes et ont décidé de reporter leurs visites. Ouf. Donc, comme une majorité de concitoyens, jour off.
Samedi 7 décembre
Après un petit week-end, le jeudi et le vendredi, les choses sérieuses commencent ! Les transports ouverts étaient annoncés pour circuler entre 13 et 18h. Naïve que je suis, je pensais sincèrement attraper la ligne 7 à 20 minutes de chez moi, vers 13h15. AHAHAH ! Bah oui mais non ! Parce qu’en fait, le premier métro part de son terminus à 13h AVEC TOUS LES GENS QUI SONT ARRIVES EN AVANCE.
Donc à 13h15, le PREMIER métro de la ligne à passer devant toi, c’est pas qu’il est blindé, non, il transpiiiiire les gens qu’il contient. Et toi, tu es avec 300 personnes qui se mettent à hurler en voyant le train entrer en gare. Imagine : le train entre en station et les usagers qui attendent en queue sont les premiers à hurler, le train avance avec de nouveaux hurlements. C’est comme une Ola dans un stade mais en version claustro.
Tenant à ma vie, j’ai même pas tenté de monter. Ni dans le suivant. C’est le troisième qui a enfin trouvé grâce à mes yeux. En toute logique, j’étais maintenant certaine d’arriver à l’heure pour ma visite de 14h30, surtout que plein de stations ne sont pas desservies donc ça va plus vite. SAUF QUE, j’avais pas anticipé qu’en étant bien élevée et attentionnée, j’allais me faire enfler. « Laissez descendre avant de monter » qu’on nous répète sans cesse dans les hauts-parleurs … Arrivés à une station, je descends pour faciliter la sortie d’autres voyageurs et …
j’ai pas pu remonter.
Tu sais pas pourquoi, y en a qui pensent vraiment être plus pressés que tous les autres et que donc ils méritent plus que les autres de monter dans CE train précis. Toi, tu te mets gentiment sur le côté pour remonter et tous les autres restent bien au milieu et foncent dans le tas. Rapide, efficace. A se demander à quoi ça sert la bonne éducation dans ce monde parallèle, sans foi ni loi, que sont les transports en commun parisiens.
Donc j’ai continué à pied, jusqu’à la ligne 1, qui est automatique. J’ai fini par arriver en retard. Coup de chance : mon groupe était plus en retard que moi ! Merci ma bonne étoile !
Retour philosophe
M’attendant à un retour affreux, j’ai un peu trainé pour profiter des beaux paysages de Paris. Finalement, j’ai eu la 7 et j’en suis sortie à 17h58. Les agents RATP ont fermé le rideau de fer de la station juste derrière moi. CHANCE DE OUF !!
Jeudi 12 décembre : à pied sous la pluie
J’ai été aidée par les astres, ou je ne sais quoi : je n’ai pas eu à aller bien loin de chez moi du 8 au 11. C’est seulement le 12 que j’ai pris conscience de l’ampleur de la grève. Impossible d’entrer dans le métro à l’heure de pointe, y avait la queue DANS LA RUE ! Donc j’ai marché 1h10 pour arriver au Louvre, exsangue. C’était quand même super marrant de voir plein de gens, comme moi, qui marchent tous dans la même direction, parfois même plus vite que les voitures !
Le retour depuis le sublime Panthéon l’après midi a été compliqué : j’étais contente parce que pas trop fatiguée malgré la marche du matin et du midi. Les deux groupes du jour ont été adorables et j’ai même pris le temps d’aller acheter de superbes livres pour mes neveux chéris chez Eyrolles. Esprit de Noël, que diable ! Puis j’ai entamé ma marche en passant par l’île saint-Louis : trop beau.
Puis patatra : Une saucée pas possible, j’étais trempée avec les 3 kilos de livres dans le sac, les chaussettes qui font ploc-ploc dans les chaussures, et le vent qui t’envoie toute la pluie dans la figure. 1h40 de marche. En montée, hein sinon c’est pas drôle. En rentrant, j’ai mis toutes mes fringues sur le sèche-serviettes. Et mon mari chéri m’attendait avec du chocolat chaud régressif comme il faut. Coucher à 22h : La grève me rendrait-elle raisonnable ?
Samedi 14 décembre : vitrines de Noël et tourisme imprévu
Le Vendredi 13 a été identique au jeudi 12. A part que le vendredi j’ai pris mon petit dèj’ en tenant le sèche-cheveux dans mes chaussures qui n’avaient pas séché de la veille. Heureusement que mes chaussures sentent bon 🙂
Mais le samedi 14, PLUS JAMAIS ! Deux heures de marche pour rejoindre Trocadéro et enchainer avec 3 visites debout. Par contre, je suis passée par des endroits vraiment cools : les Galeries Lafayette et le Printemps décorés et illuminés pour Noël, le mémorial de Marie-Antoinette et Louis XVI, les Champs-Elysées et cette vue imprenable sur l’Arc de triomphe. Vraiment trop beau. Y a rien à redire, Paris pendant les fêtes, ça claque.
J’ai même croisé mon meilleur ami du collège-lycée que je n’avais pas vu depuis … 8 ans, au moins ! Le pauvre a dû me prendre pour une folle avec mes lunettes de soleil roses, mon énorme casque sur la tête et mes fringues « spécial marathon » tentant de rattraper 8 ans en 43 secondes et demi ! Pierre, si tu me lis : on va le prendre ce verre ! J’en fais le serment ! (Promis, je ne suis pas complètement folle !)
J’ai une collègue en or massif : Mathilde
Qui serait assez taré pour assumer 2h de marche, puis 3 visites en réalité virtuelle de la Pyramide de Khéops, avec le sourire et du contenu siouplé, et refaire les 2 heures de marche dans l’autre sens ? J’avoue, j’aurais pu ! Mais pas avec plusieurs jours sans récupération dans les pattes et une autre semaine dans le même genre à la suite.
C’est là que, telle une apparition divine dans un halo de lumière bleue, est apparue Mathilde. Aaaaaaaleluiaaaaah. Non, en vrai, c’était sur Whatsapp mais avec la lumière de l’écran, on y était presque niveau lumière divine. « On te ramène en voiture ». Mathilde et son chéri N., qui habitent dans le 78, ont bravé le périph’, le rond-point de la Porte Maillot en travaux et le GPS qui prononce les lettres muettes, pour moi. Et ils m’ont ramenée, plus ou moins saine d’esprit, chez moi. Amour et pluie de paillettes sur eux.
Dimanche 15 décembre : « faux » jour off
Un jour off ! UN JOUR OOOOOOFF ! Pas de réveil, pas d’impératif, danse de la joie ! Juste une après-midi cool chez ma tante avec mes cousins et … Merde. Dimanche. Zero métro le dimanche. Site de la RATP, dis-moi que … Meeeeeerde … Ok, y a des bus. Ouf, y a des bus !
Sauf que non, y a pas de bus
Enfin, si, mais dans plus de 39 minutes (pourquoi ils indiquent « prochain dans + de 39 mn » ? Pourquoi pas 40 ? Un truc rond, un truc simple, non ?). Donc 50 minutes aller, 50 minutes retour. A pied. Encore. AHAHAH ! Danse de la folie ! Mais pas trop fort, parce que les courbatures et tout ça. L’OMS va être fière de moi avec tous ces pas !
Mon mari me faisait le GPS au téléphone et me disait « Alors tu vas voir là, si tu tournes à droite, au 48, y a un truc magnifique ». Mon mari = Guide touristique par téléphone since 2007 (idée de business touristique ? ahahah !) Grâce à lui, j’ai donc pu voir ce bel immeuble doté de caryatides, avec un invité surprise : le corbeau qui picore du pain dur sur le plafond d’une voiture (ça sonnait moins bien avec « toit » hihi)
Lundi 16 décembre : je me fais une raison
J’y ai cru ! J’y ai cru qu’en partant 2h30 avant ma visite à la Tour Eiffel, j’aurais les deux bus nécessaires à mon trajet ! Et … non ! Ils étaient tellement pleins qu’on aurait dit la hotte du père en pleine indigestion. Après 1h15 d’attente et de navette d’un arrêt à l’autre, j’ai craqué : TAXI !! Allégée de 24 euros, j’ai enfin atteint mon but avec « seulement » 25 minutes d’avance.
2h40 pour rentrer.
Avec mes copines, on en est arrivées à carrément avoir peur de rentrer chez nous. Donc à 16h30, on ne s’est pas du tout précipitées. On a pris de jolies photos depuis et sous la Tour Eiffel puis on est allées tranquillement vers nos bus.
Tu y crois que j’y croyais encore ? Mon amie a eu son bus, pas trop plein, en 10 mn et a eu une place assise ! Le graal. Moi, après 40 minutes, il n’était toujours pas arrivé. J’ai eu le temps de voir le superbe coucher de soleil sur Paris, de migrer à l’arrêt suivant, puis au suivant, puis au suivant, en passant par la sublime Avenue Montaigne, puis … Ah bah la ligne 1 sur les Champs. Je n’ai pas trop réfléchi : 70 personnes à l’arrêt de bus, le bus qui arrivera sera le théâtre d’un pugilat ! Donc pouf, ligne 1, Châtelet, et 1h de marche au petit pas cadencé, pour ne pas dire figé par les mauvais traitements que les circonstances infligent à mes petites jambes. Départ 16h30, arrivée 19h10 …
Depuis le 1er étage de la Tour Eiffel Des cormorans autour de l’étang, sous la Tour Eiffel L’église russe orthodoxe devant mon arrêt de bus fantôme Alma-Marceau, entre chien et loup Noël chez Montaigne
Et après ?
Comme beaucoup de Parisiens, j’ai une dure semaine qui m’attend : la semaine avant les vacances de Noël, c’est toujours compliqué. Il y a ceux qui partent et doivent clore des dossiers en vitesse, ceux qui n’ont pas fini leurs courses de Noël ou ceux qui, comme moi, accueillent des groupes toute la semaine en mode « Noël » avec des exigences toutes « noëlesques » : « Est-ce qu’on peut arriver en retard mais finir plus tôt ? » Gnééé. Avec les grèves, je pense que ça peut partir en cacahuète encore plus facilement. Pas un jour off avant le 23 et je prévois 4 heures de marche par jour (Ne me parlez même pas du trajet pour Versailles mercredi, j’y penserai mardi soir à 22h)
Mais, soyons positifs : quand on marche, si la pluie ne s’invite pas, on voit des trucs magnifiques dans Paris. Aussi, je vais finir par avoir des jambes de sirène avec tous ces kilomètres. A moins que je ne décide que les chocolats de Noël peuvent dorénavant faire partie de mon hygiène de vie sans aucune conséquence ? A 20 000 pas par jour, y a moyen de faire passer un kinder ou vingt sans risquer de faire exploser la zolie robe du réveillon 😉
BON COURAGE A TOUS !
Gui
Courage !!