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Henri de Toulouse-Lautrec - Gueule de Bois - Paris je taime quand même

Il est impossible d’expliquer le pourquoi du comment de ce blog sans expliquer son origine, comment il a germé dans ma tête. Et pour moi, l’origine, le commencement, le BIG BANG, c’est le Syndrome de Paris.

En gros, tu le sais j’ai burn-outé. C’était en 2016 et je ne m’en suis jamais totalement remise. Obligée de retourner dans un métier que j’adore (guide-conférencière tu sais, t’as suivi, sinon va voir ici), mais forcée d’y assumer des conditions désastreuses et PIRE : des gens. Partout. Tout le temps. Dis-toi bien, quand je vais faire pipi dans un café (oui parce qu’avec mon métier, je suis STF, Sans Toilettes Fixes), y a des gens qui tapent sur la porte, d’autres qui appuient sur la poignée, qui retapent et qui gueulent. Pendant que moi, je joue à l’équilibriste au-dessus d’une cuvette pas forcément douteuse mais bon, c’est pas la mienne quoi. Donc des gens. Partout. TOUT LE TEMPS. Avec leurs egos (j’accorde au pluriel, y en a beaucoup qui sont plusieurs dans leur tête).

C’en était trop. Guider dans des quartiers : ok, y a le ciel bleu ou gris ou jaune (!), tu te sens pas enfermé. Guider dans des monuments : ok, le Panthéon hors période de Panthéonisation, par exemple, c’est top. Mais alors le Louvre !! OH. MY. GOD. Je meurs. Quand je vois que je dois bosser au Louvre sur mon agenda, y a vraiment un bout de mon innocence qui brûle dans mon cœur par anticipation. Et pourtant, je ne me vois pas du tout faire autre chose que transmettre à propos de Paris. Paris c’est ma ville, c’est ma vie. Donc je me disais : c’est le burn-out. Je suis pas du genre à chercher midi à quatorze heures, comme on dit. Mais , y’avait un « mais ». Et plein de questionnements : Pourquoi je fais des crises d’angoisse avant mes visites ? Pourquoi je fais des siestes de 17 à 20h quasiment tous les jours ? Pourquoi j’ai des accès de colère ? Pourquoi j’y retourne ? Suis-je maso ? Mais alors, si c’est un nouveau burn-out, est-ce que le moment viendra où je vais plus pouvoir bouger, sortir de mon lit et rater une visite ? Comment se fait-il qu’il y ait toujours assez d’adrénaline pour faire le taf (et bien fait le taf en plus !) ?

Puis, au mois d’août 2019 (notons les 3 ans de vide, please), j’ai lu un livre dont j’ai déjà parlé dans mon premier article ici. Ce livre, Le Cœur de Paris de Caroline Vermalle m’a tirée les larmes. De joie, de rage, de tristesse, d’émotion, toutes les larmes. Je t’invite à te l’offrir au plus vite si c’est pas déjà fait, en cliquant sur son nom juste au-dessus.

En gros, le héros s’appelle Guillaume (comme mon monsieur), il est guide-conférencier (comme moi) et il vit et travaille à Paris (itou itou). Il n’en faut pas beaucoup pour me donner envie mais là j’avais très envie d’en savoir plus. Sa patronne pète un gros câble et l’expression est lâchée : « SYNDROME DE PARIS » *p’tite musique angoissante genre les dents de la mer*. Les personnages se mettent à en discuter, y en a un qui dit que le syndrome de Paris, c’est un truc de touriste japonais. Les personnages se remettent en question et … moi aussi. J’ai lâché ma liseuse pour me renseigner sur internet.

 Je connaissais déjà le terme et son principe : le syndrome de Paris toucherait les touristes ou expatriés japonais qui, abreuvés dès leur plus tendre enfance par de gros clichés sur la capitale française, tomberaient dans une violente dépression en constatant LA VÉRITÉ. Parmi les symptômes de cette dépression : état dépressif classique (déjà c’est énorme) qui peut s’accompagner d’hallucinations, de délires de persécution et de tous les symptômes de l’anxiété (tachycardie, sueurs, vertiges, etc … (parenthèse dans la parenthèse, Anxy étant une ennemie proche, j’ai mis le « etc » parce que tu peux ajouter n’importe quel symptôme sympa à la liste. Anxy a la super-capacité de faire ressortir tes pires angoisses et de les multiplier par 100. Sale p… BIIIIIIIIIIIP) … ). Généralement, les victimes de cette dépression sont prises en charge par les urgences après avoir pété des câbles sympas comme tout.

La liste des clichés est assez dingue aussi.

En effet, les media et la culture japonais mettent en avant ce que j’appelle « la mythologie parisienne » comme étant une Histoire avérée de notre ville. Par exemple, les Parisiennes sont grandes et minces. Les Parisiens ne portent que de la Haute Couture et consomment des produits de luxe. Ils sont totalement libres et vivent une vie de loisirs et d’oisiveté, la clope au bec. Je te mets le lien vers ZE article qui a théorisé le tout en 2004 (même si le comptage des japonais atteint par ce mal remonte à 1986).

Personnellement, je ne me reconnais que dans la clope. Et encore, quand je fumais, je ne fumais QUE des lucky américaines parce que Johnny Depp en fume dans La Neuvième Porte. Oui parfaitement !

La vérité, nous on la connait

Les Parisiennes sont, en moyenne, moins minces que les Japonaises. Elles s’habillent chez H&M et une fois, j’ai bouffé du tourteau au Wepler place de Clichy. Alleeeez, j’avoue, y a toujours une bouteille de Champagne dans le frigo, mais ça s’arrête là pour le luxe. Les Parisiens ont un travail et parfois ils sont « oisifs » en semaine mais généralement, c’est pour gerber sur le taf, et la gueule de bois met tout le monde à la même enseigne le lendemain. Moi, j’en suis à l’étape où j’ai la GDB même sans alcool, juste en me couchant à 3h du mat’…

Mais alors, c’est quoi le rapport avec toi et moi et nous ?

Et bien figure-toi que le syndrome de Paris c’est pas que pour les Japonais. Que nenni mon ami ! Sur l’ensemble des personnes admises en milieu hospitalier pour un syndrome de Paris, seulement 3 à 4% seraient des japonais. Le reste serait composé en majorité … de français ! Oh la bonne blague !

Alors, ne faisons pas nos hypocondriaques non plus. Le syndrome de Paris, c’est sérieux, c’est une vraie saleté psychiatrique. Mais à force de lire sur le sujet, j’ai dû me rendre à l’évidence : Et si j’avais fait un syndrome de Paris ? Mais forcément, moins violent, parce que Paris je la connais, je parle sa langue, je m’y repère, j’y vis … Donc un mini syndrome de Paris ? J’en ai parlé autour de moi : mon monsieur, mes amis, ma famille. Et là, j’ai halluciné (pas pour de vrai hein) : la plupart s’est reconnue dans les symptômes et dans les quatre facteurs donnés de développement du syndrome. Les voici et tu checkes si tu te sens concerné :

La Barrière linguistique

Alors, ok, quand t’es japonais, tu parles pas français et y a peu de chances de te retrouver face un paquet de Français parlant ta langue et susceptible de t’orienter ou de devenir tes potes de vacances. Nous, Parisiens entre parisiens, on a peu de risque de se retrouver dans cette situation. Dans mon métier, je sens cette barrière même si je parle anglais. Pourtant je déteste guider en langue étrangère. Pourquoi ? Tout simplement, parce que y a des trucs qui ne se traduisent pas ; l’humour par exemple, et pour moi qui blague énormément c’est dur. Si on ramène le Syndrome de Paris à notre petit niveau, le simple fait de se balader dans le Paris carte postale et … plus personne ne parle français ! Beaucoup de groupes hispanophones avec des guides qui ont des amplificateurs de voix pourtant totalement interdits parce que ça dérange tout le monde, et énormément de groupes chinois. Très loin de moi l’envie de dire du mal de tout ça, bien au contraire ! Je baigne dans ce monde-là et je l’adore. Mais y a des moments où le tourisme de masse va trop loin et on s’y sent submergés. Apparemment, ce moment où tu te sens rejeté parce que personne ne te comprend, c’est l’étape qui déclenche les autres. Alors, tu checkes ? Moi oui.

La différence culturelle

 Les Japonais ont une culture ultra-codifiée. On a un cliché sur eux, on dit qu’ils sont ultra-polis. Bah, c’est vrai. Ils sourient quand ils sont mal à l’aise. Rien d’étonnant à ce qu’ils explosent quand ils sont au bout du bout du rouleau. Nombreux sont les Japonais choqués par le Français qui parle de ses émotions, de politique et de religion à table. Tu vois exactement de quoi je parle hein ? Aussi, ils ont des « distances de sécurité » à respecter entre les gens en fonction de leur degré d’intimité. Quand nous, on se parle à 30 centimètres  de distance, pour eux, c’est une agression. Alors, tu les imagines dans n’importe quelle file d’attente parisienne dans n’importe quel lieu parisien, avec la promiscuité : BOUM le cerveau. Après PAF le chien, voici BOUM le cerveau. La version « nous », c’est plutôt que quand tu vis à Paris, dans une ville malheureusement en cours de muséification, tu côtoies toutes les cultures du monde. C’est cool hein, dit comme ça. Mais même le plus grand globe-trotter du monde a besoin de retourner à « la maison » de temps en temps. Un Parisien, bien élevé, qui ne veut pas passer pour le râleur cliché de service, s’adapte constamment aux touristes qu’il croise, dans la rue, le métro, au café, dans les magasins… Et c’est épuisant à la fin ! Check ? Auto-check !

La vision idéalisée de Paris

Ce facteur reprend la liste de clichés que j’ai avancés un peu plus haut : les Parisiens sont beaux, grands, minces, portent du Chanel, tout ça, tout ça… Les immeubles sont luxueux, les couleurs de la ville sont merveilleuses, tout ressemble soit au quartier autour de la Tour Eiffel, soit à Montmartre. FAUX ! Mais les pauvres Japonais, on peut pas leur en vouloir. C’est le cliché qui leur est servi sur un plateau d’argent chez eux ! Et le développement des réseaux sociaux n’aide pas. Alors quand tu débarques et que tu te prends le vrai Paris en pleine tronche avec des gens différents, des comportements différents, des lieux étranges, rien d’étonnant à craquer totalement. Pour un Parisien, c’est pas si différent. Nous aussi, on la veut la carte postale ! Mais sans les touristes ! Ah ah ! Mission impossible t’sais ! Quand on veut se faire une exposition, elle est bondée (le Grand Palais si tu me lis, je pense à toooaaaa !), quand on veut se poser en terrasse, elle est bondée. Si on veut se faire un resto, un bon resto, dans un cadre sympa, adieu la spontanéité que le monde nous prête ! Si t’as pas réservé : c’est mort. Et moi aussi, ça me soule quand je vais dans n’importe quel bel endroit de Paris et de tomber sur mille gars qui ne savourent pas le moment présent. Tu sais, ce moment où tu te balades et tu te dis : « Han, je vais prendre cette rue, il me semble qu’il y avait *ce petit havre de paix* par là », tu sens la bonne fièvre monter au fur et à mesure que tu avances dans de petites rues et là, tu y arrives et … AAAAAAARRRRGGGGGHHHH ! Des insta-husbands de partout, des insta-wives qui virent les gentils badauds du bord de la fontaine parce que ma photo #realifequenenni gnagnagna, des groupes avec des guides, mais pas de parisiens. parce que les Parisiens désertent les endroits célèbres. Perso, ma désillusion elle est là : le tourisme de masse est ma némésis. Et pfiou, je m’en remets pas ! ULTRA-CHECK !

L’épuisement

AH AH AH AH AH AH AH AH. BAH OUAIS TU M’ÉTONNES !!! Les touristes qui ont prévu de voir tout Paris en quelques jours, qui ont une heure dans leur planning pour arpenter tous les stands des galeries LaFayette (et encore il y a maintenant des espaces dédiés, notamment pour les touristes chinois, je trouve ça étrange d’ailleurs …), je comprends même pas comment autant d’entre eux y survivent ?! Pour nous, c’est la même chose. Ajoutons-y les nombreuses heures passées dans le métro ou le RER aux heures de pointe, les courses le soir en même temps que tout le monde, et, dans le cas des acteurs du tourisme, n’oublions pas les 30 000 visiteurs quotidiens du Louvre que nous côtoyons. C’est désormais prouvé, nous absorbons les énergies des autres, à plus ou moins grande échelle. Voici le lien (en anglais) vers le rapport d’une étude allemande qui prouve que certaines algues puisent l’énergie des autres algues pour se régénérer. C’est la même chose pour nous mais ça marche bien plus facilement dans le sens négatif du terme. Dans mon cas, je le sais, si je dors moins de 6 heures et que j’enchaine sur une journée de travail avec des gens, je n’ai pas l’énergie pour repousser la leur. Et dans le cas de tous : je suis certaine que tu as déjà ressenti ce truc horrible après 15 jours de vacances. Tu sais, quand tu descends du train et que tu ressens cette lourdeur ambiante ? Ou quand tu reprends le travail et que tu te dis :  » C’est dingue, je suis plus fatigué(e) qu’avant de partir en vacances « . Puis tu oublies, en fait, tu te ré-habitues à servir de nourriture aux poissons aux autres. Je sais que tu sais que je sais que tu sais. Check ? Check !

ALORS C’EST BIEN TOUT CA !! Mais si on a ces symptômes et qu’on en souffre on fait KOOAAA ?

Heu … Tu m’en veux si je te dis que j’ai pas encore la réponse ? Gnééé 😀 En réalité, j’en ai plusieurs, des petits trucs que j’applique au quotidien depuis un peu plus d’un an. Des petits trucs que j’ai trouvés au fur et à mesure, parce que ma théorie c’est que si tu n’arrives pas à visualiser et solutionner le problème dans sa globalité, alors c’est comme une pelote de laine ultra-emmêlée : si tu trouves pas les deux bouts, tu prends des ciseaux et tu coupes. HAN SACRILÈGE, me diras-tu peut-être. Ouais, bah, faut savoir ce qu’on veut dans la vie ! Un paquet de nœuds avec deux bouts planqués ou plein de petits bouts sur lesquels tirer. Option 2 pour moi !

Autre théorie que je voudrais de mon cru : si tu nommes le problème, tu as 50% de la solution au dit problème. Mon beau-père m’a répété très souvent que j’avais la chance de pouvoir mettre un nom sur ce que je ressentais. Lui et ma mère m’ont élevée en me disant qu’il fallait parler de ses problèmes pour ne pas les laisser nous ronger. Et comme de par hasard, hein, dès que j’ai quitté le cocon familial, j’ai eu du mal à nommer ce que je ressentais. Depuis que j’ai compris ça, je nomme à nouveau !

Si toi, qui me lis, tu as un mal-être qui ressemble à ce que j’ai décrit ci-dessus : je ne te dis pas que C’EST le Syndrome de Paris. Je ne suis pas psy. D’ailleurs, je suis totalement auto-diagnostiquée, ahah ! Mais tu vois, cette petite introspection perso, nommer le mal et voir les résultats, a été extrêmement bénéfique pour moi. J’ai ce sentiment profond d’avoir fait déjà PLUS de 50% du chemin. Et c’est ce qui compte, non ? Le but dans la vie c’est le bonheur, pas vrai ? Et, vois-tu, j’ai atteint ce moment où tu te dis « Woah, j’ai compris un truc et j’ai envie de le partager avec les gens ». Y en a plein, ils écrivent des livres à ce moment, (et y en a une vingtaine à ce propos dans ma bibliothèque) et bien moi, je fais un blog 🙂

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P.S. : La photo en haut représente un dessin de Henri de Toulouse-Lautrec, dessin qu’il a sobrement intitulé Gueule de bois et je trouve que cela va très bien avec le Syndrome de Paris 🙂

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Comments:

  • Mado

    28 octobre 2019

    Pourtant paris, C’est toute ma vie
    C’est la plus belle, J’en fais le pari
    Il n’y a qu’elle, C’est bien l’ennuie
    J’aime plus paris

    T. Dutronc

    reply...
  • Mado

    28 octobre 2019

    Joli diagnostique ! Et si la solution c’etait d’aller faire ta touriste dans une autre ville (genre une où on mange des tapas) : comme ça tu pourras ne fréquenter que des Français en ne visitant que les lieux de carte postale !

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